Les bunkers du Golf de Dieppe-Pourville : histoire et vestiges du Mur de l’Atlantique
Situé sur les hauteurs de la Côte d’Albâtre, le Golf de Dieppe-Pourville abrite des vestiges uniques du Mur de l’Atlantique. Entre bunkers, blockhaus et stations radar, ce lieu paisible conserve les traces visibles de la Seconde Guerre mondiale, souvent méconnues des visiteurs.
Découvrez l’histoire fascinante de ces constructions militaires allemandes encore présentes sur le parcours.

Le Mur de l’Atlantique visible à Dieppe : un patrimoine oublié
En visitant la Côte d’Albâtre, difficile de ne pas remarquer les fortifications allemandes qui jalonnent les falaises, construites au bord des routes, tombées sur les plages ou semi-enfouies parfois dans les jardins.
Le Golf de Dieppe-Pourville conserve plusieurs vestiges impressionnants de cette immense ligne défensive construite par l’Allemagne nazie entre 1942 et 1944.
Le Mur de l’Atlantique s’étendait le long des côtes de la Mer du Nord et de l'Océan Atlantique sur plus de 5 000 kilomètres, de la Norvège à la frontière franco-espagnole, dans le but de repousser tout débarquement allié.

Une base radar stratégique au cœur du Golf de Dieppe
Dès 1941, l’organisation Todt fait travailler plus de 1500 ouvriers sur ce secteur pour développer une station radar de premier plan : l'objectif est d'obtenir la suprématie aérienne et d'éliminer la menace de la RAF (Opération Seelöwe). Deux radars de type "Freya" sont installés en haut des falaises pour surveiller l’espace aérien. Le 19 août 1942, lors du raid de Dieppe, une mission vise directement ce site stratégique. Par la suite, le site est renforcé et un radar "Mammut FuMO 51" est installé, avec une antenne de 10 x 30 m, de 300 km de portée, sur un bunker L485.
Le site abrite aussi un poste de commandement "Anton" de type L479, relié à des radars Würzburg-Riese et à un réseau de bunkers de protection. Son rôle est de suivre l'avancée des escadrilles sur des tables lumineuses "seeburg", d'alerter la chasse et la Flak (DCA) afin d'intercepter les avions alliés traversant la Manche. Jusqu’à 600 personnes (soldats et opérateurs) occupaient cette zone pendant la guerre.
Bien que les radars aient disparu, les bunkers subsistent encore aujourd’hui.
Les blockhaus encore visibles sur le parcours
Parmi les fortifications allemandes encore visibles aujourd’hui sur le Golf de Dieppe Pourville, les golfeurs croisent sur leur chemin ces différents ouvrages...

Bunkers mitrailleuse 7.92 mm R630 (trou 6 et 7)
Deux bunkers de type R630 sont encore visibles. Conçus pour défendre le radar "Würzburg-Riese" contre une offensive alliée, ces bunkers sont construits en béton armés avec des murs de 2 mètres d’épaisseur pour résister aux bombardements et aux attaques aux gaz. Ils possédaient une orientation de mitrailleuses réalisant ainsi des barrières infranchissables par d’éventuels commandos alliés. Ils étaient souvent enterrés, recouverts de terre, camouflés, intégrés au relief naturel pour éviter d’être repérés facilement.
Vous ne pouvez pas rater ces deux bunkers lorsque vous travaillez votre swing sur le trou n°6 (vous êtes juste au-dessus) ou que vous avancez sur le 7. Leur accès est aujourd’hui condamné.

Cuve à eau (Trou 6)
Utilisée pour alimenter les bétonneuses, cette cuve en béton est toujours visible. Elle présente deux tuyaux d’évacuation en terre cuite.

Pistes en béton
On observe encore des pistes bétonnées relativement larges coupant les trous 3, 8, 16, et longeant les trous 1, 9, 18. Elles servaient à la logistique des véhicules de chantier et militaires.

Bunker d’observation R634 (trou 12)
Situé sur un point culminant, ce bunker permettait l’observation et l’abri de 9 hommes. Il possèdait une cloche en acier à 6 embrasures.
Bunker R660 (entre les trous 1, 3, 10 et 14)
Ce bunker de type R660 servait probablement de chargeur de batterie pour les radars. Il est aujourd’hui recouvert d’une butte de terre.
D’autres ouvrages qui existaient autour du Golf ont été déplacés, recouverts ou détruits pour permettre la construction de nouvelles habitations...

Blockhaus ou Bunker ? D'où vient cette confusion ?
Le mot allemand « bunker » désigne les ouvrages en béton.
Le terme « blockhaus », utilisé en France, viendrait de la Première Guerre mondiale : les Allemands invitaient les prisonniers français à rejoindre des abris en bois avec l’expression "kommt Block-haus !" (maison de rondins), un terme qui est resté dans l’usage français pour désigner ces fortifications.
Galerie Photos
Cliquez sur la photo pour l'agrandir. Crédit Philippe Picherit 2025.
POUR EN SAVOIR PLUS |
---|
Contactez l’association Bunker Archéo Dieppe pour approfondir votre visite :
|
Cliquez ici pour plus d'information sur l'histoire du Golf ou sur le débarquement en Normandie